Diagnostic prénatal -ACTIVITÉ DES LABORATOIRES DE BIOCHIMIE FŒTALE

Le nombre d’examens réalisés à la recherche de maladies métaboliques par méthode biochimique est assez faible car, de plus en plus, les analyses consistent en la recherche de variants génétiques en génétique moléculaire.

Les maladies héréditaires du métabolisme constituent un groupe hétérogène de pathologies dont la plupart sont très rares. Les manifestations cliniques sont variées en raison des multiples voies métaboliques qui peuvent être touchées. Des prises en charge sont possibles pour un certain nombre de ces pathologies. Le pronostic dépend de la pathologie et de la sévérité de l’atteinte.

Ces maladies peuvent être recherchées chez le fœtus en cas d’antécédent familial (

Tableau DPN25

 et 

Tableau DPN26

). 

Les examens de biochimie sont surtout motivés par des signes d’appel échographiques, avec fréquemment plus de 300 tests par an (

Tableau DPN25

Tableau DPN27

 et 

Tableau DPN28

). Dans ce cas, les signes d’appel échographiques sont variés. Le diagnostic prénatal de ces pathologies peut reposer sur des dosages d’activité enzymatique ou de substrat réalisés à partir d’un prélèvement fœtal. Lorsqu’un prélèvement fœtal est réalisé suite à l’observation de signes d’appel échographiques, un panel d’examens permettant de rechercher plusieurs pathologies héréditaires métaboliques est généralement réalisé. La proportion de tests, réalisés dans le cadre de signes d’appel échographiques, aboutissant à un diagnostic d’affection fœtale varie entre 4,8% en 2016 et 2,4% en 2020 (

Tableau DPN25

). 

 

Tableau DPN25. Biochimie fœtale : maladies héréditaires du métabolisme, évolution de 2016 à 2020
Tableau DPN26. Maladies héréditaires du métabolisme recherchées pour antécédent familial : évolution par groupe de pathologie de 2016 à 2020
Tableau DPN27. Maladies héréditaires du métabolisme recherchées sur signes d'appel échographiques : évolution par signe d'appel de 2016 à 2020
Tableau DPN28. Maladies héréditaires détectées sur signes d'appel échographiques : évolution par indication de 2016 à 2020

Les examens d’hormonologie effectués à partir d’un prélèvement fœtal sont essentiellement réalisés dans les deux situations suivantes (

Tableau DPN29

) :

  • Lors de la suspicion d’une variation de la différenciation sexuelle (VDS) à l’examen échographique ou lors d’une discordance constatée entre le sexe chromosomique déterminé à partir du caryotype déjà réalisé pour une autre indication et le sexe observé à l’échographie ;
  • Lors de la découverte à l’échographie fœtale d’un goitre, évocateur d’une dysthyroïdie fœtale.

Ces situations sont rares et peuvent être causées par différentes pathologies. Les dosages hormonaux permettent d’orienter le diagnostic étiologique. Le diagnostic prénatal permet une prise en charge aussi précoce que possible, permettant d’atténuer les effets de certaines de ces pathologies et de préparer la naissance ainsi que la prise en charge post-natale. Dans les cas les plus sévères, une IMG peut être acceptée après avis pluridisciplinaire rendu au sein d’un CPDPN.

En 2020, des dosages hormonaux ont été effectués chez 117 fœtus (

Tableau DPN29

). Une dysthyroïdie fœtale, soupçonnée chez 15 fœtus, a été confirmée chez 7 d’entre eux. Les dosages hormonaux en prénatal ont permis de confirmer une atteinte fœtale dans 22 des 102 cas de suspicions de VDS examinées en 2020. Enfin, aucune suspicion de trouble hormonal fœtal n’est rapportée dans la catégorie « autre » en 2020.

 

Tableau DPN29. Evolution de l'activité d'hormonologie fœtale de 2016 à 2020

La quantité de dosages de l’alpha-fœtoprotéine (AFP) et d’électrophorèses des cholinestérases a diminué respectivement de 38,5% et 64,1% entre 2016 et 2020 (

Tableau DPN30

 et 

Tableau DPN31

), la diminution étant surtout observée pour les dosages systématiques ou les indications non renseignées. Ceci est à mettre en parallèle avec la diminution du nombre d’amniocentèses. 


La découverte de signes échographiques autres que ceux évoquant un défaut de fermeture du tube neural (DFTN) reste la principale indication du dosage de l’AFP amniotique en 2020, avec 8,1% des dosages anormaux dans cette situation. En présence de signes échographiques évoquant un défaut de fermeture du tube neural, l’AFP dans le liquide amniotique était anormale (≥ 2,5 MoM) dans 55% des cas en 2020. Les anomalies échographiques, évocatrices ou non d’un défaut de fermeture du tube neural, représentaient 67% (N=1 205) des indications de dosage de l’AFP amniotique et ont conduit à des résultats de dosage anormaux de l’AFP amniotique dans 12,4% des cas. Parmi les fœtus ayant un dosage anormal de l’AFP amniotique, 85% présentaient préalablement des anomalies échographiques.  

Le nombre d’électrophorèses des cholinestérases réalisées en raison de la suspicion échographique d’un DFTN ou d’autres signes d’appel non évocateurs de spina bifida apparaît relativement stable avec environ 300 examens par an représentant 64% des indications. L’électrophorèse des cholinestérases du liquide amniotique réalisée en présence de signes échographiques évoquant un défaut de fermeture du tube neural (DFTN) est anomale dans 60,2% des cas entre 2016 et 2020 (

Tableau DPN31

). En présence d’anomalies échographiques non-évocatrices d’un DFTN, seulement 3% des examens sont anormaux. Enfin, 78% des résultats anormaux d’électrophorèse des cholinestérases du liquide amniotique ont été observés après une indication liée à des signes échographiques.    

 

Tableau DPN30. Evolution du dosage de l'AFP du liquide amniotique de 2016 à 2020
Tableau DPN31. Evolution de l'électrophorèse des cholinestérases du liquide amniotique de 2016 à 2020

Les « autres dosages biochimiques » sont pratiqués dans des situations prénatales très hétérogènes. Les dosages des enzymes digestives dans le liquide amniotique et l’exploration biochimique d’hydramnios sont les indications les plus nombreuses (

Tableau DPN32

) entre 2016 et 2020. Les données sont relativement fluctuantes. D’une manière générale, aucune évolution significative de la fréquence des examens pratiqués n’a été observée, hormis celle concernant la différenciation des grossesses gémellaires, qui diminue sans doute en lien avec une meilleure résolution des actes d’échographie.

 

Tableau DPN32. Evolution des autres dosages biochimiques de 2016 à 2020