Diagnostic prénatal -ACTIVITÉ DES LABORATOIRES D'INFECTIOLOGIE

La toxoplasmose congénitale survient communément chez les mères infectées par Toxoplasma gondii pour la première fois pendant la grossesse. L’âge gestationnel de la mère est corrélé au risque de la transmission materno-fœtale. Cependant, la probabilité d’observer une forme grave de toxoplasmose congénitale est maximale pour les séroconversions en début de grossesse.

Actuellement, la réalisation d’une sérologie mensuelle pendant la grossesse est recommandée chez la femme séronégative, ainsi que la délivrance de règles hygiéno-diététiques lui permettant de se prémunir contre une éventuelle infection.

En cas de risque avéré (sérologique ou échographique) de toxoplasmose congénitale, un diagnostic prénatal est proposé à partir d’un prélèvement de liquide amniotique ainsi qu’un suivi échographique adapté. Un traitement préventif de la transmission materno-fœtale et un traitement curatif de la toxoplasmose congénitale peuvent être indiqués mais leur efficacité n’a pour le moment pas été évaluée avec un haut niveau de preuve. Selon la gravité des cas, l’interruption médicale de grossesse peut être acceptée après avis pluridisciplinaire rendu au sein d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN).

En 2020, 26 laboratoires ont réalisé des diagnostics portant sur la toxoplasmose fœtale et 771 prélèvements de liquides amniotiques ont été analysés (

Tableau DPN2

 et 

Tableau DPN33

). Entre 2016 et 2020, on observe une diminution progressive du nombre de prélèvements examinés (-28,6%), et également du nombre de prélèvements positifs (-43,2% ; 

Tableau DPN34

). La proportion des prélèvements positifs parmi les prélèvements testés entre 2016 et 2020 varie entre 5 et 9%.

Ces examens sont majoritairement (71,5% ; n=551) indiqués par la seule séroconversion maternelle et réalisés le plus souvent (73%) au 1er ou au 2ème trimestre de la grossesse dans cette indication. L’âge gestationnel auquel la séroconversion maternelle a eu lieu est inconnu pour 12% des prélèvements analysés. L’âge gestationnel n’est également pas renseigné pour 160 des 220 (72,7%) analyses réalisées chez le fœtus en raison de signes d’appel échographiques, associés ou non à une séroconversion maternelle (

Tableau DPN33

).

Le toxoplasme a été retrouvé dans 41 prélèvements fœtaux effectués suite à une séroconversion maternelle seule (7,4%). Les taux de positivité des prélèvements fœtaux sont variables selon le terme de la grossesse au moment du diagnostic de l’infection : de 1,8% au 1er trimestre à 25,3% au 3ème trimestre de la grossesse. Dans le cas de signes d’appel échographiques motivant l’analyse, le taux de positivité des tests est plus faible (2,3% ; 

Tableau DPN33

). 

Depuis 2019, le recueil des issues de grossesses n’est plus fourni par les laboratoires mais par les CPDPN ; pour le recueil d’activité 2019, 7 attestations de particulière gravité ont été délivrées en vue d’une interruption médicale de grossesse (IMG) en relation avec une toxoplasmose fœtale (lien sur le RAMS CPDPN).

 

Tableau DPN33. Recherche du toxoplasme sur un prélèvement fœtal en fonction du terme et de l'indication en 2020
Tableau DPN34. Evolution de l'activité de recherche du toxoplasme de 2016 à 2020

Le Cytomégalovirus (CMV), le Parvovirus B19 (PB19), le virus de la Rubéole (R), le virus Varicelle-Zona (VZV), le virus Herpès simplex (HSV), l’Entérovirus (EV) et le virus Zika sont les virus ayant fait l’objet de la quasi-totalité des recherches virologiques sur des prélèvements fœtaux en 2020 (

Tableau DPN35

). 


Ces virus peuvent être responsables d’infections congénitales résultant d’une transmission materno-fœtale. Les atteintes fœtales sont variables et potentiellement létales pour la plupart des virus.

Le virus de la rubéole est actuellement le seul pour lequel des recommandations de dépistage systématique et de surveillance en cas de séronégativité chez la femme enceinte existent.

Concernant le CMV, en l’absence de traitement disponible en prénatal ou chez le nouveau-né asymptomatique, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), dans son rapport de décembre 2018 intitulé « la prévention de l’infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte et chez le nouveau-né », recommande la diffusion des informations relatives aux mesures d’hygiène susceptibles de prévenir l’infection et le renforcement du repérage de ces infections chez la femme enceinte et le nouveau-né. En revanche, le dépistage de l’infection à CMV n’est pas recommandé dans ces populations.

En cas de suspicion d’infection fœtale, un diagnostic prénatal peut être proposé à partir d’un prélèvement fœtal (de liquide amniotique la plupart du temps). Selon la gravité des cas, l’interruption médicale de grossesse peut être acceptée après avis pluridisciplinaire rendu au sein d’un CPDPN.

En 2020, 5 487 examens virologiques ont été effectués chez 3 608 fœtus (

Tableau DPN36

), la recherche de plusieurs virus pouvant être effectuée chez un même fœtus. On observe en 2020 une augmentation, à la fois du nombre total des analyses (+9,6% comparé à 2019) et du nombre de fœtus étudiés (+16,6% comparé à 2019 et +18,9 % depuis 2016 ; 

Tableau DPN36

). A noter en 2020 la réalisation de 18 examens recherchant le coronavirus SARS-CoV-2 à partir de prélèvements fœtaux.

Ces examens ont été réalisés dans 92% (n=5 047) des cas devant des signes d’appel échographiques associés ou non à une séroconversion maternelle.

Le CMV et le PB19 restent les virus les plus fréquemment recherchés puisqu’ils ont respectivement représenté 60,8% (n=3 338) et 22,8% (n=1 250) des examens (

Tableau DPN35

). 

Le taux de positivité pour le CMV après séroconversion maternelle (12,7%) apparaît faible comparé aux données de la littérature où il est évalué à plus de 30% par plusieurs études (

Tableau DPN35

). Par ailleurs, il est vraisemblable que de nombreux examens sont effectués dans un but d’exhaustivité, et non pas devant des signes spécifiques, ce qui rend compte du faible taux de positivité dans le cas de l’observation de signes échographiques.


Depuis 2019, le recueil des issues de grossesses n’est plus fourni par les laboratoires mais par les CPDPN ; pour le recueil d’activité 2019, 66 attestations de particulière gravité ont été délivrées pour une cause virale, majoritairement représentée par les infections à CMV (61 sur 66) et les infections à PB19 (4 sur 66) (lien sur le RAMS CPDPN).

 

Tableau DPN35. Description de l'activité de virologie en 2020
Tableau DPN36. Evolution de l'activité de virologie de 2016 à 2020