Assistance médicale à la procréation -PRINCIPAUX CHIFFRES DE L'ACTIVITÉ

Les données des centres clinico-biologiques et des laboratoires autorisés à pratiquer des inséminations intra-utérines permettent de décrire l’ensemble des activités d’assistance médicale à la procréation (AMP) réalisées en France en 2019, ainsi que les tendances constatées entre 2016 et 2019. Il est ainsi possible d’observer l’évolution du volume d’activité des différentes techniques d’AMP, notamment celles liées aux dons, à la préservation de la fertilité ou à l’utilisation de techniques particulières. Cette présentation de l’activité permet d’ouvrir des pistes de réflexion et d’analyses complémentaires. 

Par ailleurs, l’Agence de la biomédecine a développé d’autres rapports annuels d’évaluation disponibles sur le site de l’Agence dont notamment:

-    des fiches régionales décrivant l’activité au niveau de chaque région et proposant des éléments de réflexion aux agences régionales de santé en charge des autorisations d’activité1

-    des rapports annuels d’évaluation des résultats des centres prenant en compte les caractéristiques de la patientèle (en particulier l’âge des femmes), à destination des centres d’AMP en vue d’amélioration des pratiques2 .

 

1 https://www.agence-biomedecine.fr/Activite-regionale-AMP
2 https://www.agence-biomedecine.fr/Evaluations

 Bilan de l'activité

En 2019, 157 593 tentatives d’AMP ont été recensées, regroupant les inséminations intra-utérines (IIU), les fécondations in vitro (FIV) avec ou sans micro-injection (ICSI) et les décongélations d’embryons congelés3  avec gamètes et embryons issus ou non d’un don (

Tableau AMP1

,

Tableau AMP2

).  

Les IIU (47 268 cycles) occupent toujours une large place au sein des activités d’AMP (30% de l’ensemble des tentatives). Elles font appel aux spermatozoïdes de donneur dans 6,3% des cas (

Tableau AMP1

,

Tableau AMP2

). Les IIU contribuent à 21,4% des naissances issues d’une AMP répertoriées en 2019 (19% pour les IIU avec spermatozoïdes de conjoint et 2,4% pour les IIU avec spermatozoïdes issus de tiers donneur).

Les prélèvements d’ovocytes en vue de fécondation in vitro réalisés pour près de 51 000 couples représentent 62 518 ponctions auxquelles il faut ajouter 836 prélèvements d’ovocytes en vue de don (

Tableau AMP34

). De plus, des conservations d’ovocytes en vue de préservation de la fertilité ont été réalisées pour 2 469 patientes (

Tableau AMP69

). 

Le recours à l’ICSI représente 68% de l’ensemble des tentatives de fécondation in vitro quelle que soit l’origine des gamètes utilisés (

Tableau AMP2

). On peut remarquer que la pratique de l’ICSI reste majoritaire lorsqu’il est fait appel à des ovocytes ou des spermatozoïdes issus de don (

Tableau AMP1

). 

En outre les décongélations embryonnaires en constante augmentation concernent en 2019, 41,6% des tentatives d’AMP hors inséminations intra-utérines. Ces tentatives de transfert d’embryons congelés ont été réalisées pour près de 33 350 couples. 
Globalement les tentatives d’AMP (IIU, FIV hors ICSI, ICSI et décongélations d’embryons) sont réalisées (

Tableau AMP1

 et 

Tableau AMP2

) : 

  • Avec les gamètes des deux membres du couple dans 95,5% des cas, 
  • Avec des ovocytes, des spermatozoïdes, ou des embryons issus de don dans 4,5% des cas.  

Au total près de 27 180 enfants4  sont nés d’une AMP réalisée au cours de l’année 2019, dont 5,3% enfants issus d’un don (1 433 enfants) (

Tableau AMP1

). 

 

Tableau AMP1. Résumé de l'activité et des résultats d'AMP en 2019 µ

3 Dans la totalité du document on entend par « embryons congelés » à la fois les embryons congelés par la technique de congélation lente et par la technique de congélation rapide (la vitrification), ainsi que les embryons congelés à un stade précoce (J2-J3) ou à un stade plus tardif (stade blastocyste).
4 Ce chiffre inclut le nombre d’enfants nés vivants et une estimation du nombre d’enfants nés vivants parmi les enfants dont le statut vital est inconnu considérant 1,5% d’enfants morts nés (incluant les IMG réalisées sur des fœtus de plus de 22 semaines d’aménorrhée ou de plus de 500g)  

Les différences observées sur les taux de grossesse et d’accouchement en fonction des techniques et de l’origine des gamètes (

Figure AMP1

et 

Figure AMP2

) sont liées aux indications de ces différentes techniques d’AMP (causes de l’infertilité, pathologies associées, etc.) et aux procédés eux-mêmes. 

Des chances de succès supplémentaires sont offertes aux couples dès lors qu’il a été possible de conserver des embryons surnuméraires. Dans 31,3% des tentatives de fécondation in vitro une congélation embryonnaire a été réalisée. Les couples peuvent ainsi bénéficier d’un ou de plusieurs transferts embryonnaires supplémentaires à l’issue d’un transfert d’embryons frais.

Les chances de réussite de l’AMP après décongélations d’embryons sont d’ailleurs en 2019 similaires ou supérieures aux chances obtenues après transfert d’embryons frais. Le recours à la culture prolongée qui concerne 71% des transferts d’embryons congelés (contre respectivement 42% et 36,4% des transferts d’embryons frais après FIV hors ICSI et ICSI,

Tableau AMP80

) et la pratique de la congélation de toute la cohorte embryonnaire transférable souvent choisie pour des patientes à « bon pronostic » peut expliquer les résultats supérieurs après décongélation d’embryons.  

 

Figure AMP1. Taux de grossesses échographiques par tentative* d'AMP selon le type d'AMP et l'origine des gamètes en 2019
Figure AMP2. Taux d'accouchements par tentative* d'AMP selon le type d'AMP et l'origine des gamètes en 2019

Selon l’INSEE5 , en 2019, 753 383 nouveau-nés ont vu le jour en France. Les enfants nés vivants, issus d’une AMP réalisée en 2019, au nombre de 27 063 représentent 3,6% des enfants nés de la population générale. Ce nombre d’enfants nés est modérément sous-estimé en raison des 116 enfants nés après AMP réalisée en 2019 dont le statut vital n’a pas été renseigné dans les données transmises, et de la non déclaration d’activité de centres d’AMP et laboratoires de biologie médicale6

La proportion d’enfants conçus par AMP parmi les enfants nés chaque année en France augmente depuis 2009 (2,6% en 2009, 3,3% en 2018). On estime que près d’un enfant sur 28 est issu d’une AMP.

La 

Figure AMP3

 montre la part respective des enfants nés selon les techniques d’AMP. On note ainsi parmi les 27 063 enfants nés issus d’une AMP réalisée en 2019 :

  • 21,4% (5 788 enfants) ont été conçus par insémination intra-utérine, technique d’AMP la plus simple à mettre en place, la moins invasive et la moins coûteuse. L’insémination intra-utérine vient ici confirmer sa place au sein des traitements de l’infertilité,
  • 37,2% (10 080 enfants) sont issus d’une décongélation embryonnaire. Ce nombre en constante augmentation (16% en 2013, 34,6% en 2018) témoigne de la diminution du nombre moyen d’embryons transférés à chaque transfert et de la place croissante des transferts différés d’embryons dans la stratégie de prise en charge des couples en AMP. 
    Ces évolutions sont favorisées par le développement de la vitrification embryonnaire et la meilleure survie des embryons après réchauffement.
  • Et 41,4% (11 195 enfants) sont nés après un transfert immédiat d’embryons issus d’une fécondation in vitro (FIV hors ICSI et ICSI).  
     

Figure AMP3. Part des enfants nés après AMP en 2019 selon les techniques d'AMP quelle que soit l'origine des gamètes et des embryons (N=27 063)

Le volume global des activités d’AMP est en augmentation depuis 2016 (+5%,

Tableau AMP2

). En outre, on remarque que : 

  • Le nombre d’inséminations intra-utérines (47 268 cycles) réalisé en 2019, se stabilise après une diminution continue observée au cours des dernières années : en 2010, près de 60 200 inséminations artificielles (intra-utérines et intra-cervicales) étaient recensées. Cette technique occupe toujours une large place au sein des activités d’AMP (30% de l’ensemble des tentatives de 2019).
  • Le nombre de décongélations d’embryons en vue de TEC augmente chaque année (+ 9% par rapport à l’activité 2018), ce qui traduit l’évolution des pratiques avec le développement du transfert mono-embryonnaire, la technique de vitrification embryonnaire et la culture prolongée, l’objectif poursuivi étant de limiter le nombre de grossesses multiples et augmenter les chances d’obtenir une naissance à partir d’une seule tentative.  
  • Le recours à l’ICSI, technique pratiquée en fonction des paramètres spermatiques et ovocytaires (lors de vitrification préalable) et afin de minimiser les échecs de fécondation, représente 68% de l’ensemble des tentatives de fécondation in vitro quelle que soit l’origine des gamètes utilisés. Ce chiffre est stable depuis plusieurs années.  
  • Le nombre de tentatives réalisées à partir d’ovocytes de donneuses poursuit son augmentation entre 2016 et 2019 (+10% par rapport à 2018, +58% par rapport à 2016). Cette évolution est rendue possible par l’augmentation du nombre de donneuses liée à l’ouverture du don de gamètes aux femmes n’ayant pas procréé. Cette dynamique ne permet pas encore de satisfaire la demande : des couples receveurs sont en attente de l’attribution d’ovocytes (Don d'ovocytes). 
Tableau AMP2. Évolution de l'activité globale d'AMP entre 2016 et 2019

Globalement, les taux d’implantation embryonnaire semblent augmenter progressivement au cours de ces dernières années pour la majorité des techniques (

Tableau AMP4

). Cette augmentation peut être liée à la hausse des transferts d’embryons obtenus après culture prolongée (cf. Culture embryonnaire prolongée ). 

En parallèle, l’évolution croissante du transfert mono-embryonnaire se poursuit (

Tableau AMP3

) : ces transferts représentent en 2019, 60,6% des transferts réalisés après fécondation in vitro (FIV ou ICSI) (46,3% en 2016), et 80% des transferts d’embryons décongelés (69,3% en 2016). 

Cette approche stratégique combinée à une amélioration des taux d’implantation conduit à une diminution progressive de la part des grossesses multiples, limitant ainsi les risques durant la grossesse pour la santé des femmes et des enfants à naître.  
La proportion de grossesses multiples après IIU reste stable autour de 9% entre 2016 et 2019 (

Tableau AMP3

). 

Tableau AMP3. Nombre d'embryons transférés et accouchements multiples de 2016 à 2019*
Tableau AMP4. Évolution des taux d'implantation selon les techniques de 2016 à 2019

Le

Tableau AMP5

 montre la répartition des tentatives d’inséminations et des ponctions d’ovocytes en vue de FIV ou d’ICSI en fonction de l’âge des femmes. Cette répartition est stable entre 2019 et 2018. La part des tentatives réalisées pour des femmes de plus de 42 ans n’a pas augmenté et représente 1,6% des inséminations ou des ponctions en vue de fécondation in vitro. Il existe une légère diminution de la proportion des femmes âgées de moins de 30 ans bénéficiant d’une procédure d’AMP.

Tableau AMP5. Évolution de l'âge des femmes à l'insémination ou à la ponction en vue de fécondation in vitro de 2016 à 2019, quelle que soit l'origine des gamètes et la technique utilisée